Quelques faits concrets pour prendre conscience de l’importance des enjeux – extrait du Cahier du Lipsor – Série Recherche N°9 – Le sens du développement durable pour l’entreprise

« En 2003, l’Empreinte Ecologique globale était de 14,1 milliards d’hectares globaux, soit 2,2 « hectares globaux » par personne (un « hectare global » est un hectare prenant en compte la capacité de production de ressources et d’absorption de déchets et rejets). Selon les calculs réalisés, l’empreinte de l’humanité a commencé à dépasser la biocapacité globale de la planète dans les années 80 ; ce dépassement a depuis augmenté chaque année, avec une « demande d’espace excédant l’offre d’environ 25 % en 2003. Cela signifie qu’il faut à peu près un an et trois mois pour produire les ressources écologiques globales que nous utilisons en une année ».

« A ce sujet, 2007-2008 sera peut-être demain perçue comme une période charnière dans ce domaine des interrogations concernant la « durabilité » du développement sur la planète, avec sa combinaison de hausse majeure du prix du pétrole (même si la part spéculative fut notable), de hausse des prix de produits alimentaires de base, avec leur cortège d’émeutes de la faim dans nombre de pays en développement, et de crise financière, avec les conséquences graves pour l’activité économique, l’emploi et le pouvoir d’achat de centaines de millions de ménages sur la planète ! »

Les concepts du Développement Durable et de la Responsabilité Sociétale des Organisations

Développement Durable et Responsabilité sociétale des Organisations sont bien souvent confondus dans le langage courant. Le Développement durable est généralement associé aux actions réalisées en matière de protection pour l’environnement.

Pour autant, le champ d’action du développement durable et de la responsabilité sociétale sont bien plus larges.Des différences persistent entre ces deux concepts.

Le  Rapport Brundtland « Our Commun Future » élaboré en 1987 définit le développement durable comme un               « … Développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs “.

La norme ISO 26000 parue en novembre 2010 précise dans une note que le Développement Durable « vise à combiner les objectifs d’une haute qualité de vie, de santé et de prospérité avec ceux de justice sociale, tout en maintenant la capacité de la Terre à supporter la vie dans toute sa diversité. Ces objectifs sociaux, économiques et environnementaux sont interdépendants et se renforcent mutuellement. Le développement durable peut être considéré comme une façon d’exprimer les attentes plus larges de la société en général ».

Les Etats ont une responsabilité éminente à la réalisation de ce développement, par l’élaboration des lois, règlements, les politiques conduites et les moyens financiers mobilisés pour la promotion et la mise en œuvre des programmes correspondants.
Pour autant, ils ont besoin de s’appuyer sur les différentes composantes de la société, en particulier :

  • les collectivités
  • les entreprises
  • les particuliers

La Société et les organisations sont de plus en plus conscientes de la nécessité d’adopter un comportement responsable, et des bénéfices qui y sont associés. L’objectif de la responsabilité sociétale est de contribuer à ce développement durable.

La norme ISO 26000 définit le concept de RSO comme :
«  la Responsabilité d’une organisation vis à vis des  impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement se traduisant par  un comportement éthique et transparent qui :
– contribue au développement durable, à la santé et au bien-être de la société
– prend en compte les attentes des parties prenantes
– respecte les lois en vigueur et qui est en accord avec  les normes internationales de comportement
– est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations” (source ISO 26000).

La contribution de ces acteurs détermine précisément le champ de la Responsabilité Sociétale des Organisations (RSO).

Les enjeux d’une telle démarche

Les enjeux de la Responsabilité Sociétale 

Les enjeux pour une organisation sont multiples. Ils peuvent concerner :

  • ses avantages concurrentiels;
  • sa réputation;
  • sa capacité à attirer et fidéliser, ses actionnaires, ses salariés, ses clients ou ses consommateurs;
  • le maintien de la motivation et de l’engagement de ses employés, ainsi que leur productivité;
  • la vision des investisseurs, des propriétaires, des donateurs, des sponsors et de la communauté financière;
  • ses relations avec les entreprises, les pouvoirs publics, les médias, les fournisseurs, les pairs, les clients et la communauté au sein de laquelle elle intervient.

Quelques définitions pour comprendre :

Les parties prenantes

« Individu ou groupe ayant un intérêt dans les décisions ou activités d’une organisation » ISO 26000.
Il s’agit pour le cabinet d’identifier  ses parties prenantes, d’apprendre à  dialoguer avec elles afin de :
– mieux comprendre leurs besoins, leurs attentes, leurs enjeux
– identifier les enjeux communs pour  déterminer des actions
– conduire ensemble des actions significatives plus pertinentes, plus efficientes dans une démarche à plus long terme.

La sphère d’influence
Il s’agit de la « Portée/ampleur des relations politiques, contractuelles, économiques ou autres à travers lesquelles une organisation a la capacité d’influer sur les décisions ou les activités de personnes ou d’autres organisations
NOTE 1 La capacité à influencer n’implique pas, en soi, la responsabilité d’exercer une influence.
NOTE 2 Quand ce terme est employé dans cette norme, il convient de toujours l’appréhender dans le contexte des recommandations mentionnées en 5.2.3 et 7.3.3 » ISO 26000.

Assurer sa Responsabilité sociétale amène l’organisation à conduire ses réflexions au delà des murs de l’entreprise. Ses impacts sont multiples, pour autant, l’organisation se doit d’assumer cette responsabilité dans les limites de sa sphère d’influence intégrant sa chaine de valeur (ses employés, ses fournisseurs, les sous traitants, les transporteurs, ses clients, les distributeurs, les consommateurs … ) ainsi que les autres parties prenantes sur lesquelles elle peut exercer cette influence.

Conduire une démarche responsable, c’est donc changer ses modes de réflexion et de décision : voir plus loin,  plus large, plus en profondeur.

Quelques citations

« Pensez global, agir local »
Cette formule employée par René DUBOS  lors du premier sommet sur l’environnement en 1972, semble résumer l’esprit du développement durable. Elle résume également l’esprit de la Plate-forme 21, qui inscrit son plan d’actions dans la Stratégie Nationale de Développement Durable, en prévoyant la mise en place de pôles de compétences régionaux pour diffuser les concepts et pratiques du développement durable sur les territoires.

Avec le temps, certaines certitudes peuvent être profondément remises en causes : « les richesses naturelles sont inépuisables, car sans cela, nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni démultipliées, ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques » Jean Baptiste Say

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre » Hans Jonas

« Un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l’homme, le respect des autres êtres avant l’amour propre » Claude Levy-Strauss

“Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent ». Chateaubriand

« La décadence d’une société commence quand l’homme se demande « Que va t’il arriver » au lieu de se demander « que puis je faire » Denis de Rougemont

« Il ne sert à rien à l’homme de gagner la Lune s’il vient à perdre la Terre » François Mauriac

« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière asséchée, le dernier poisson péché, l’homme va s’apercevoir que l’argent n’est pas comestible. Le monde semble sombre quand on a les yeux fermés » proverbe indien.

« Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs » Jacques Chirac

« Être socialement responsable signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables mais aussi aller au delà et investir davantage dans le capital humain et les relations avec les parties prenantes » Commission Européenne : livret vert Promouvoir un cadre Européen pour la responsabilité sociale des entreprises, Bruxelles 2001

« Le handicap de ce triptyque économique, environnemental et social, c’est qu’en faisant un peu d’environnement, de social… on pense faire du développement durable. 
Bien entendu, non! »Christian Brodhag