Exigence, bienveillance et confiance en audit : une synergie utile
Trop souvent perçu comme un simple outil de contrôle, l’audit peut susciter des réticences, voire de la méfiance. Pourtant, lorsqu’il est conduit avec exigence, bienveillance et dans un climat de confiance, il s’inscrit comme un levier pour l’amélioration continue.
Ces trois notions ne s’excluent pas. Elles se renforcent mutuellement. La bienveillance sans exigence mène à la complaisance voire au laxisme. L’exigence sans bienveillance produit de la défiance et parfois du découragement. La confiance, quant à elle, ne se décrète pas : elle se construit et se mérite.
Cet article vise à montrer comment l’exigence, la bienveillance et la confiance constituent des leviers essentiels pour conduire un audit efficace, crédible et porteur de progrès.”
Bienveillance : un levier humain indispensable
Définition et posture professionnelle
La bienveillance, du latin benevolentia, signifie littéralement « vouloir le bien ». En audit, elle ne se résume pas à une attitude sympathique : c’est une disposition active à comprendre l’autre sans jugement. Elle s’exprime par une écoute attentive, un langage respectueux et une capacité à aborder les constats de manière constructive.
La norme ISO 19011 souligne l’importance de la diplomatie, de la flexibilité et de l’écoute dans la conduite d’audits efficaces.
Créer un climat propice au dialogue
Un auditeur bienveillant favorise l’expression sincère des audités. Ce climat permet :
- L’identification plus fine des pratiques réelles ;
- La détection des signaux faibles ;
- L’implication active des parties prenantes.
Selon Carl Rogers (1961), “le changement véritable n’intervient que dans un climat d’acceptation et de non-jugement.”
Bienveillance ≠ complaisance
La bienveillance ne signifie pas renoncer à l’exigence. Elle consiste à dire les choses difficiles avec tact, sans renoncer à la véracité ni à la rigueur.
Brené Brown (2018) le rappelle : “La clarté est une forme de bienveillance.”
Confiance : le fondement de la relation auditeur–audité
Confiance : une construction mutuelle
La confiance ne s’impose pas. Elle se construit à travers :
- La compétence technique de l’auditeur ;
- Une posture éthique et cohérente ;
- Une communication transparente.
Dès la réunion d’ouverture, l’auditeur doit poser un cadre clair, rassurant et professionnel.
Francis Fukuyama (1995) démontre que la confiance est un capital invisible qui soutient la performance des organisations.
L’humilité de l’auditeur face aux experts métiers
La confiance est aussi liée à l’attitude de l’auditeur : il doit reconnaître les compétences de ses interlocuteurs. Il ne vient pas « imposer » une vérité mais croiser des faits, poser un regard externe exigeant, et contribuer à l’amélioration.
Anthea Conseils souligne que l’auditeur n’est ni juge, ni sauveur : il est un partenaire exigeant du progrès
Exigence : la rigueur comme moteur de progrès
Exigence envers soi-même
Un auditeur ne peut être crédible s’il n’applique pas à lui-même les règles qu’il attend des autres :
- Objectivité dans les constats ;
- Clarté dans la formulation ;
- Précision dans l’analyse des écarts.
Cette auto-exigence est un marqueur fort de professionnalisme.
Jim Collins (2001) l’affirme : “La confrontation honnête avec les faits est un acte de respect.”
Exigence constructive envers les audités
L’auditeur a le devoir de signaler les écarts réels, même s’ils sont sensibles. Les audités attendent souvent ce regard externe pour se situer, se remettre en question et progresser.
Une exigence constructive permet de formuler des constats utiles, compréhensibles et activables
Mise en œuvre concrète en 3 étapes
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Avant l’audit :
- Clarifier les objectifs avec transparence.
- Instaurer une posture neutre et respectueuse.
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Pendant l’audit :
- Écouter activement.
- Formuler des constats précis, fondés sur des preuves.
- Employer un langage neutre, non culpabilisant.
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Après l’audit :
- Restituer les constats avec clarté et équilibre.
- Mettre en avant les points forts et les pistes d’amélioration.
- Laisser une trace utile, qui donne envie d’agir.
Ce que disent les praticiens
Plusieurs retours d’expérience d’auditeurs et d’organisations auditées mettent en évidence :
- Une meilleure implication des équipes quand l’auditeur est exigeant et bienveillant ;
- Une image plus professionnelle de l’audit, perçu comme un acte de progrès ;
- Une amélioration concrète de la coopération et de la mise en œuvre des actions correctives.
Selon UHFP (2023), “un bon auditeur est à la fois ferme sur le fond et souple dans la forme”.
En conclusion
Exigence, bienveillance et confiance : ce triptyque est la base d’un audit moderne, utile et mobilisateur. Ces valeurs ne sont pas accessoires. Elles sont le cœur de la compétence professionnelle de l’auditeur.
Dans un monde où les normes évoluent et les attentes sociétales s’intensifient, il ne suffit plus d’être conforme. Il faut être capable d’accompagner le progrès avec exigence, d’ouvrir le dialogue avec bienveillance, et d’inspirer la confiance.
Références citées
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ISO 19011:2018 – Lignes directrices pour l’audit des systèmes de management.
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Informations sur la norme : https://www.iso.org/standard/70017.html
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Anthea Conseils – Posture de l’auditeur ANTHEA CONSEILS : https://anthea-conseils.com/la-certification-mase/
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Page dédiée sur le site d’Anthea Conseils :
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Psychologies.com – Managers : 4 clés pour équilibrer Bienveillance et Exigence
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