ISO 22163:2023 – le référentiel pour la performance qualité dans l’Industrie Ferroviaire

Dans un secteur ferroviaire en constante évolution, où la sécurité, la fiabilité et la qualité sont primordiales, la norme ISO 22163:2023 s’impose comme le référentiel pour les entreprises souhaitant structurer et améliorer leur système de management de la qualité (SMQ). Issue de l’évolution du référentiel IRIS (International Railway Industry Standard), cette norme offre une approche spécifique aux besoins du secteur ferroviaire, en intégrant les exigences de l’ISO 9001:2015 et des exigences particulières propres à l’industrie ferroviaire.

Cet article vise à fournir une analyse de la norme ISO 22163:2023, en abordant son origine, sa structure, ses exigences clés, le processus de certification, les bénéfices associés, ainsi que des recommandations pour  sa mise en œuvre.

1. Origine et évolution de l’ISO 22163

1.1 Du Référentiel IRIS à l’ISO

Le référentiel IRIS a été créé en 2006 par l’UNIFE (Union des Industries Ferroviaires Européennes) en collaboration avec des acteurs majeurs du secteur tels qu’Alstom, Bombardier et Siemens. L’objectif était de développer un système de management de la qualité spécifique à l’industrie ferroviaire, répondant aux exigences croissantes en matière de sécurité et de fiabilité des produits et services.

En mai 2017, le référentiel IRIS a évolué pour devenir la norme ISO/TS 22163, intégrant les principes de l’ISO 9001:2015 tout en conservant des exigences spécifiques au secteur ferroviaire. Cette transition visait à harmoniser les pratiques de management de la qualité à l’échelle internationale.

1.2 La révision de la norme ISO 22163 en 2023

La version 2023 de la norme, publiée en juillet 2023, marque une étape significative en devenant une norme ISO à part entière, abandonnant le statut de spécification technique (TS). Cette évolution reflète la maturité du référentiel et son importance stratégique pour l’industrie ferroviaire. Cette version est devenue applicable pour toute entreprise certifiée ou en cours de certification à compter de janvier 2024.

2. comment est structurée la norme ISO 22163 ?

2.1 Structure HLS (High Level Structure)

L’ISO 22163:2023 adopte la structure HLS, commune à de nombreuses normes ISO, facilitant ainsi l’intégration avec d’autres systèmes de management. Cette structure comprend 10 chapitres principaux, dont 7 sont des chapitres d’exigences, alignés sur le cycle PDCA (Plan-Do-Check-Act).

2.2 Intégration des exigences spécifiques

La norme intègre les exigences de l’ISO 9001:2015 et ajoute des exigences spécifiques au secteur ferroviaire, notamment en matière de sécurité des produits, de gestion des risques, de gestion de l’obsolescence, et de performance des processus. Ces exigences visent à renforcer la fiabilité et la sécurité des produits et services ferroviaires.

3. quelles sont les exigences clés de l’ISO 22163:2023 ?

3.1 L’approche processus et la gestion des risques et des opportunités

La norme met l’accent sur l’approche processus, en identifiant et en maîtrisant les processus nécessaires pour atteindre les résultats souhaités. Elle intègre également une approche proactive en vue d’analyser les risques et opportunités susceptibles d’affecter la conformité des produits et des services.

3.2 Les exigences spécifiques au secteur Ferroviaire

Parmi les exigences spécifiques, on retrouve :

  • La gestion de la sécurité des produits : Il s’agit d’intégrer les exigences de sécurité tout au long du cycle de vie des produits.

  • La gestion de l’obsolescence : Elle nécessite la mise en place de plans pour gérer l’obsolescence des composants critiques.

  • Les exigences RAMS (Fiabilité, Disponibilité, Maintenabilité, Sécurité) : ou comment s’appuyer sur  les normes EN 50126, EN 50128 et EN 50129 pour assurer la performance des systèmes.

  • Les indicateurs de performance : avec la définition d’indicateurs de performance (IP) et d’indicateurs clés de performance (KPI) pour mesurer l’efficacité des processus.

4. Quel processus de certification ?

4.1 Les étapes vers la certification

Le processus de certification ISO 22163 comprend plusieurs étapes :

  • L’analyse des écarts (Gap Analysis) : Réaliser un état des lieux de l’organisation système et des pratiques terrain pour identifier les écarts entre les pratiques actuelles de l’entreprise et les exigences de la norme en vue de construire le plan d’action.

  • Piloter le plan d’action pour la mise en conformité : Inscrire le plan d’action dans les projets et les objectifs   de l’entreprise et inscrire le management de projet  dans les suivis managériaux. Réaliser le moment venu l’audit interne puis la revue de direction.

  • Audit de certification : Réalisation d’un audit par un organisme de certification accrédité pour évaluer la conformité au référentiel.

  • Surveillance et amélioration continue : Audits de surveillance réguliers pour assurer le maintien de la conformité et l’amélioration continue du système de management de la qualité.

4.2 Niveaux de performance

La certification ISO 22163 attribue un niveau de performance à l’entreprise : Bronze, Silver ou Gold. Ce niveau est déterminé en fonction de la maturité du système de management de la qualité et de la performance globale de l’entreprise.

5. quels sont les bénéfices  attendus de la certification ISO 22163 ?

5.1 L’amélioration de la qualité et de la sécurité

La mise en œuvre de la norme permet d’améliorer la qualité des produits et services, de renforcer la sécurité, et de réduire les non-conformités et les risques d’accidents.

5.2 L’accès aux marchés

La certification est souvent une exigence pour participer à des appels d’offres internationaux, notamment auprès des grands donneurs d’ordre du secteur ferroviaire.

5.3 la réduction des coûts par l’amélioration de la performance opérationnelle

En améliorant les processus et en réduisant les non-conformités, les entreprises peuvent réaliser des économies significatives sur les coûts de non-qualité.

5.4 le développement de l’avantage concurrentiel

La certification ISO 22163 constitue un avantage concurrentiel, en démontrant l’engagement de l’entreprise envers la qualité, la sécurité et l’amélioration continue.

6. Comment réussir la mise en œuvre ?

6.1 Réaliser un état des lieux simple mais structuré

À partir d’un état des lieux système et terrain, identifiez les bonnes pratiques et les manques (ex. : gestion de configuration, plan d’obsolescence, indicateurs de performance). Cette analyse ne doit pas être théorique : elle s’appuie sur des faits, des observations, des preuves sur des projets récents ou en cours pour évaluer les écarts.

6.2 Impliquer et mobiliser les compétences internes

Même dans une petite structure, il est utile de former un petit groupe de travail pluridisciplinaire : qualité, production, achats, parfois un référent technique ou un responsable bureau d’études. Cela permet d’avoir une vision d’ensemble et de ne pas rater certains points comme la gestion des fournisseurs ou les exigences sur la documentation produit.

6.3 Valoriser les processus existants, qui ont fait leurs preuves

Beaucoup de processus sont déjà en place mais pas toujours suffisamment formalisés. Plutôt que de créer de la documentation lourde, partez de l’existant, améliorez-le et structurez-le dans un format simple (fiches processus, matrice de risques, revues périodiques avec indicateurs simples).

6.4 Utiliser des outils adaptés à votre taille

Pas besoin d’un ERP complexe au départ. Un bon tableau Excel pour suivre les revues de processus, une base partagée pour les documents qualité et un planning d’audit interne

Conclusion – Une démarche structurée au service de toute l’entreprise

L’ISO 22163:2023 n’est pas qu’un référentiel technique réservé aux services qualité : c’est une démarche structurante qui s’applique à l’ensemble de l’entreprise. Elle permet de fiabiliser les processus, d’harmoniser les pratiques internes et de sécuriser la chaîne de valeur – de la conception jusqu’à la maintenance – dans un environnement industriel exigeant et interconnecté.

Sa mise en œuvre ne repose pas sur un bouleversement brutal, mais sur une évolution progressive, construite à partir de l’existant. Chaque entreprise peut l’adapter à sa taille, à son niveau de maturité et à ses contraintes opérationnelles. Ce qui compte, c’est d’ancrer les principes de la norme dans le fonctionnement quotidien : pilotage des processus, anticipation des risques, implication des équipes, écoute des clients, collaboration renforcée avec les fournisseurs.

C’est aussi une démarche collective. Le succès de l’ISO 22163 repose sur la participation active des collaborateurs, des prestataires et des partenaires externes. Chacun doit comprendre les enjeux, s’approprier les outils, et contribuer à un système qualité vivant, utile et orienté vers les résultats.

Plus qu’un simple certificat, l’ISO 22163 devient alors un levier d’alignement stratégique, de performance durable et de reconnaissance sur le marché ferroviaire. Elle témoigne de la capacité d’une organisation à répondre aux attentes des grands donneurs d’ordre tout en renforçant la rigueur interne et la maîtrise de ses engagements.

Chez Anthea Conseils, nous accompagnons les entreprises dans cette dynamique de progrès, en apportant des méthodes éprouvées, des outils adaptés et un regard opérationnel. La certification devient ainsi un vrai projet d’entreprise – réaliste, maîtrisé et générateur de valeur.

Sources

Norme ISO 22163:2023 – Référentiel officiel

  • ISO 22163:2023 – Railway applications — Railway quality management system — ISO 9001:2015 and specific requirements for application in the railway sector
    Ce document spécifie les exigences pour un système de management de la qualité ferroviaire, applicable tout au long de la chaîne d’approvisionnement du secteur ferroviaire.
     Consulter la norme sur le site officiel de l’ISOISO+1ISO+1

  • ISO 22163:2023/Amd 1:2024 – Amendement 1
    Cet amendement apporte des modifications spécifiques à la norme ISO 22163:2023.
     Consulter l’amendement sur le site officiel de l’ISO

Origine et cadre IRIS Certification

Exigences RAMS – Normes CENELEC

Processus de certification et niveaux de performance