Nous proposons dans cet article d’analyser les évolutions de la cotation MASE 2024 : les changements, les exigences concrètes, des exemples sur les axes 3 et 4.

Pour la version du  référentiel MASE 2024 les cotations attribuées aux axes 3 et 4 ont été renforcé, ceci pour  valoriser davantage les questions terrain. Ce changement reflète la volonté des rédacteurs d’appuyer sur l’importance du terrain, du comportement et de la culture sécurité, essentiels pour l’efficacité des systèmes de management en santé, sécurité et environnement.

Quel est le sens du changement ?

L’augmentation des points pour les axes 3 (Organisation du travail) et 4 (Efficacité du système de management) traduit une volonté de faire évoluer les entreprises vers une approche plus proactive de la gestion des risques SSE. En valorisant les pratiques opérationnelles sur le terrain, le référentiel 2024 incite les entreprises à ne pas seulement se concentrer sur la documentation et la préparation, mais à s’assurer que ces processus sont effectivement mis en œuvre et suivis au quotidien.

Ce n’est pas parce que les méthodes sont bien décrites, que le système est efficace sur le terrain.  L’objectif est donc de veiller à ce que les mesures de  prévention en santé, sécurité et environnement ne restent pas des concepts théoriques mais qu’elles soient pleinement intégrées dans les activités courantes de l’entreprise, au plus près des salariés. Le travail réel et le travail prescrit, préalablement analysé et préparé doivent être en ligne. La culture sécurité doit être palpable et visible sur le terrain par l’organisation, le comportement, la proactivité des acteurs terrain face aux risques et aux dangers.

Les exigences concrètes du référentiel MASE 2024

Pour illustrer cette évolution, le référentiel MASE 2024 modifie  les cotations des axes 3 (organisation du travail ) et 4 (Efficacité du système de management), attribuant désormais respectivement 1300 et 1100 points, contre 1000 et 900 points dans le référentiel de 2014. Cela signifie que les entreprises doivent porter une attention accrue à ces domaines lors des audits. L’importance accordée à la maitrise opérationnelle et à l’exploitation des données terrain (audit système, audit terrain, remontés terrain, actions issues des analyses des événements SSE) est renforcée.

Exemple pour l’Axe 3 – Organisation du Travail :

L’une des exigences spécifiques de cet axe concerne l’analyse des risques SSE avant la réalisation de toute tâche, travail ou prestation. Le référentiel précise que l’employeur doit désormais s’assurer que « l’analyse des risques intègre une visite du lieu de travail (atelier, chantier, bureau, etc.) » (Réf. MASE 2024, Axe 3.1.: “Préalablement à chaque tâche, travail ou prestation, une analyse des risques SÉCURITÉ SANTÉ ENVIRONNEMENT s’impose suivant une méthode définie et formalisée par l’employeur. Cette méthode est mise en œuvre par une personne compétente et intègre une visite des lieux de travail avant d’intervenir.”

Cette exigence, déjà présente auparavant mais moins développée, est désormais essentielle et doit être documentée et vérifiée lors de chaque intervention.

Concrètement, cela signifie qu’avant chaque intervention, une personne compétente doit se rendre sur place pour évaluer les risques spécifiques, en tenant compte des conditions réelles de travail, ce qui peut inclure l’identification des dangers potentiels non évidents en amont, comme des obstacles non signalés ou des conditions atmosphériques défavorables. Cette exigence vise à anticiper et à préparer la gestion des risques de manière plus rigoureuse.

Exemple pour l’Axe 4 – Efficacité du Système de Management :

Dans l’axe 4, l’accent est mis sur la mise en place de dispositifs de suivi et de pilotage efficaces. “L’efficacité des dispositifs du système de management SÉCURITÉ SANTÉ ENVIRONNEMENT mis en place par l’employeur (axes 1, 2 et 3) est évaluée au travers :de l’analyse des situations dangereuses, des presqu’accidents et des accidents, des maladies professionnelles et des impacts environnementaux, des audits chantiers/ateliers et des visites terrain, de l’audit annuel portant les 5 axes du système.”

L’exigence des analyses de causes est renforcée. Elles doivent être réalisée par des personnes maitrisant la méthode retenue, l’analyse approfondie doit être pertinente et les actions correctives doivent avoir un impact sur les résultats santé sécurité et environnement.

Les exigences pour la réalisation des audits systèmes et des audits terrain sont clarifiés.

Par exemple, un audit interne régulier est maintenant exigé pour vérifier que les indicateurs clés de performance (KPI) en matière de sécurité et de santé sont non seulement définis, mais qu’ils sont également utilisés pour ajuster l’organisation et les objectifs SSE en temps réel. Ce suivi doit inclure la documentation précise des actions correctives prises lorsque des écarts sont identifiés, ainsi qu’une évaluation de l’efficacité de ces actions. Le but est de faire évoluer les systèmes de management en outils plus dynamiques, capables de s’adapter rapidement aux changements et d’améliorer continuellement les performances SSE.

Conclusion

Le renforcement des cotations des axes 3 et 4 dans le référentiel MASE 2024 constitue une évolution forte qui place les pratiques terrain au cœur du système de management SSE. En augmentant la valeur de ces axes, le MASE incite les entreprises à renforcer leur organisation et leur suivi sur le terrain, garantissant ainsi une application concrète et effective des politiques de sécurité, santé et environnement. Pour les responsables SSE et les auditeurs de certification, ce changement implique une réévaluation des priorités et des pratiques, en mettant l’accent sur l’opérationnalité et l’efficacité des mesures SSE et la capacité des entreprises à s’adapter et à réagir de manière proactive aux risques identifiés sur le terrain.

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